Deuxième petite saynète. (Attention absurde en vue)
* * *
LA RÉVOLUTION.
Un salon avec un canapé.
Antony entre dans la pièce, énervé, balance son sac dans un coin et s’assied sur le canapé en soupirant.
Un temps.
Bobi : entre à son tour, surexcité. Tu ne devineras jamais ce qui m’est arrivé aujourd’hui ! J’ai fait la meilleure affaire de toute ma vie, tu ne vas pas le croire ! In-cro-yable !
Silence.
B : Vraiment hein, tu m’as souvent reproché de faire des achats sur des coups de tête, de ne pas réfléchir, mais là, là, tu ne vas pas en revenir, je sais que tu vas adorer !
Silence.
B : C’est… une révolution ! Vraiment ! Une révolution ! Une révolution sociale, scientifique, politique ! Artistique même ! Une révolution !
A : Bon. Tu as fini ? Non parce que t’entendre hurler comme une poissonnière là, j’en peux plus, alors, s’il te plait, tais toi.
B : Mais attends, c’est formidable !! J’ai-
A : Écoute, je suis ravi que tu aies passé une bonne journée, si, si, vraiment, j’en suis ravi, mais moi, j’ai passé une bonne grosse journée de merde, et je n’ai pas besoin en plus que tu viennes m’étaler ta merveilleuse existence à la figure.
B : Non mais attends, s’il te plait, je te promets que tu ne vas pas être déçu. C’est… c’est… SENTATIONEL.
A : D’accord, d’accord, montre-la moi, ta sensation.
B : Tu vas être époustouflé !
A : Sarcastique. Je n’en doute pas.
B : Sors, puis re-rentre avec un énorme objet inconnu, caché sous un drap blanc. Tu vas voir hein, c’est révolutionnaire ! Le meilleur investissement de ma vie, sincèrement ! C’est si…. Si..
A : Oui bon bah montre moi, qu’on en finisse !
B : Oui ! Oui ! Voilà ! Voilà !
Bobi fait quelques soubresauts autour de l’objet inconnu, comme un Monsieur Loyal face à son plu bel éléphant, tourne autour en agitant les bras, et d’un coup sec et fier, enlève le drap en s’exclamant un « Ta-dah ! » digne d’un enfant de 5 ans.
A : Horrifié, il pousse un cri d’épouvante. Mais, mais c’est…
B : Magnifique !
A : Un humain !!
B : Oui, enfin…
La Créature : Pousse un cri intéressant. Il en poussera encore d’autres
A : C’est un humain ! Tu… tu as acheté… UN HUMAIN ?
B : Alors, pas de conclusions hâtives, je ne sais pas si on peut appeler ça…
A : AH BAH SI C’EST UN HUMAIN ! MAIS ON ACHÈTE PAS LES HUMAINS !
B : Mais ce n’est pas un…
A : C’EST INHUMAIN !
B : Voilà !
A : Hein ?
B : Ce n’est pas humain.
A : Si !
B : Mais tu viens de dire que…
A : Quoi ? Non ! C’est un humain !
B : Quoi donc ?
A : Mais lui ! Montrant La Créature.
B : Pas un humain !
A : Mais… Bon. C’est simple. Acheter un humain, ce n’est pas humain.
Silence.
A : Bobi, tu es bien d’accord que l’esclavage est interdit en France, et même quasiment partout ! On achète pas un humain ! C’est inhu…. CA NE SE FAIT PAS ! Ca ne se fait pas !
B : Mais oui je sais ! Mais lui, ce n’est pas un humain.
A : Un temps. Je ne te suis pas.
B : En fait, c’est un… c’est une expérience. Une toute nouvelle expérience scientifique, qui va révolutionner le monde, je t’assure ! Toutes les possibilités que vont offrir cette découverte, toutes ces vies qui vont être sauvées…
A : Le coupant. Qu’est-ce que c’est que cette expérience ?
B : Eh bien… C’est… Le croisement… Le croisement de…
A : Accouche ! Le croisement de quoi ?
B : Le croisement d’un homme et d’un…
A : D’un quoi ?
B : A peine audible. D’un… héron.
A : Un héron… ?
B : Un héron.
A : Un héron ?
B : Tu sais ce que c’est qu’un héron ?
A : Oui je sais ce que c’est qu’un héron merci !
B : Eh bien, c’est un héron.
A : Mais… pourquoi un héron ?
B : Et pourquoi pas un héron ?
Silence. La Créature pousse toujours des cris alors que Antony et Bobi sont immobiles, l’un gêné, l’autre abasourdi.
B : Elle s’appelle Suzanne.
A : Qui ?
B : Le héron.
A : Bien sûr.
Silence.
B : Elle est belle hein ?
A : En effet, c’est une révolution.
Noir.
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